MaPrimeRénov’ favorisera les rénovations globales et les PAC
Article de Zepro (source en bas de page)
La principale aide à la rénovation énergétique évolue en 2024. Mieux dotée, elle se veut également plus claire et davantage accompagnée. Deux parcours coexisteront, l’un pour la rénovation globale des passoires énergétiques, l’autre pour les gestes uniques de décarbonation des logements. Explications.
Les différents ministères et secrétariats d’État dont dépendent la rénovation énergétique des logements (Transition écologique, Transition énergétique, Logement…) aiment à le rappeler : MaPrimeRénov’ est un succès qui a permis à de nombreux Français de lancer des travaux chez eux. Depuis sa mise en place, ce dispositif a contribué à aider 2 millions de logements à être rénovés dont 10 % de façon « performante ». Et les Français se montrent satisfaits dans 9 cas sur 10. « C’est une aide massive et efficace », assure l’un des conseillers de Christophe Béchu, ministre du Logement. « En 2024, s’ouvre un nouveau chapitre pour elle, avec de la simplification pour les usagers, un dispositif d’aides aux barèmes renforcés, et davantage d’accompagnement, notamment grâce à Mon Accompagnateur Rénov’ ». En tout, 5 Mrds € seront consacrés à la rénovation ce qui constitue un effort sans précédent.
Le pilier "Performance" pour éradiquer les passoires thermiques
Le pilier "Performance" pour éradiquer les passoires thermiques
Dans le détail, quelles seront ces grandes évolutions pour MaPrimeRénov’ ? Concernant sa « simplification », il s’agit pour le gouvernement d’orienter les ménages en fonction des caractéristiques de leur logement et de leur volonté à mener des travaux. Pour les projets d’ampleur, qui consisteront à mener une rénovation importante comportant plusieurs gestes distincts (au moins deux geste d’isolation et le traitement de la ventilation, menant au saut d’au moins 2 étiquettes du DPE), il sera nécessaire d’être suivi par un Accompagnateur Rénov’ agréé. Ce parcours « Performance » disposera d’aides importantes, cumulables avec des Certificats d’économies d’énergie (CEE) pour parvenir à couvrir jusqu’à 80 voire 90 % du montant total des travaux. Le plafond des dépenses sera réhaussé à 70 k€ au maximum pour les ménages très modestes occupant une passoire thermique, dans le cas où leur logement (classé ‘F’ ou ’G’ au DPE) parviendrait à faire un bond de 4 classes énergétiques. Ce qui implique donc une attention extrême aux détails des interventions.
Afin de simplifier le traitement des dossiers, un seul sera déposé auprès de l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (Anah) qui se chargera, outre MaPrimeRénov’, d’également gérer la demande de CEE. Une annonce qui suscite des interrogations de la part des professionnels, qui peinent déjà parfois à se faire rembourser certaines avances en raison de dossiers bloqués à l’Anah. Et qui vient également priver les délégataires comme Hellio, Effy, Sonergia ou Teksial, d’une grande partie de la valorisation des CEE chantiers. L’entourage des ministres répond : « En effet, l’Anah gérera seule pour les rénovations d’ampleur. Les délégataires continueront toutefois d’intervenir dans d’autres actions CEE du bâtiment ou des transports par exemple. Et ils ne manqueront pas de se positionner sur le marché de l’accompagnement, en sollicitant l’agrément Mon Accompagnateur Rénov’ ». De même, les entreprises qui travaillent dans la construction neuve, en forte perte de vitesse, sont vivement encouragées à se reconvertir rapidement au nouveau paradigme du marché et à la rénovation globale.
Le pilier "Efficacité" pour pousser les chaudières à la retraite
Le pilier "Efficacité" pour pousser les chaudières à la retraite
Le second parcours dit « Efficacité » sera réservé aux logements qui ne sont pas des passoires énergétiques et qui disposent déjà d’une certaine isolation. Là, c’est la décarbonation qui sera privilégiée, notamment grâce au remplacement du système de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire. Le « tout PAC » voulu par Emmanuel Macron. MaPrimeRénov’ sera dans ce cas, ciblée sur des gestes moins onéreux et visera surtout à accélérer la dépose des vieilles chaudières et, parfois au raccordement à des réseaux de chaleur urbain. Le reste à charge des interventions pourra être financé grâce à l’Éco-Prêt à Taux Zéro (PTZ) qui devra être davantage mis en avant par les établissements bancaires… même si elles ne l’ont toujours pas fait depuis sa création en 2009. Les aides publiques seront également consacrées à réduire l’inconfort estival, notamment en soutenant l’achat de PAC air-eau ou géothermiques (avec des primes augmentées de 1 000 à 2 000 €) et même aérothermiques. En effet, pour lutter contre le phénomène des logements bouilloires, des fonds seront alloués à l’installation de protections solaires (stores, filtres) et à l’installation de ventilateurs ou de brasseurs d’air, pour faire baisser le mercure les jours de canicule. En revanche, exit les autres mono-gestes de rénovation. Pour bénéficier d’une aide, les isolateurs devront proposer un bouquet de travaux comportant « plusieurs gestes d’isolation », des parois et de la toiture, ou de la sous-face…
Pour gérer tous ces parcours et ces dossiers, l’Anah déjà passablement engorgé, devrait recevoir des renforts en effectifs (+50 emplois en 2024) et le soutien de services déconcentrés de l’État, y compris pour lutter contre la fraude. Sur ce dossier, les conseillers ministériels soulignent que 40 % de contrôles supplémentaires seront menés sur des dossiers CEE en 2024. Enfin, sur la question du DPE, qui conditionne le montant des aides au moment du « saut » des classes énergétiques, le ministre Christophe Béchu recevait, ce 11 octobre 2023, des professionnels du secteur afin de faire encore évoluer l’outil, déjà repensé en 2021, et mieux prendre en compte certaines spécificités des logements, comme leur implantation dans les copropriétés (pignon, dernier étage) ou les petits surfaces, jusqu’ici désavantagées. Le communiqué de presse annonce également que le service public de la rénovation de l’Habitat sera renforcé pour faire face à la demande. Le maillage de 550 espaces conseil France Rénov’, cofinancés par l’État et les collectivités locales, sera densifié “a afin d’assurer la présence d’un guichet dans chaque intercommunalité d’ici 2025”. Mais d’ici là ?
Deux cas concrets pour "Performance" et "Efficacité"
Deux cas concrets pour "Performance" et "Efficacité"
Premier cas, un couple sans enfant, aux revenus “intermédiaires”, vivant dans une maison individuelle classée ‘G’, choisit de faire rénover son habitation. Le but est de parvenir à l’étiquette ‘D’ en isolant les murs par l’extérieur (25 k€) et la toiture (9 k€), en installant une PAC air-eau (14,7 k€) ainsi qu’une ventilation efficace (4,5 k€). Le coût des travaux s’élève à plus de 53 k€, mais les aides MaPrimeRénov’ (y compris les CEE valorisés par l’Anah) apporteront 30 k€ de financements, soit 56 % du total. Le reste à charge pour le couple sera d’un peu plus de 10 k€ en 2024. Si le dispositif MaPrimeRénov’ était resté inchangé, alors le montant de l’aide n’aurait été que de 21 k€, soit 40 % du total, laissant un reste à charge de 32 k€ !
Deuxième cas, un couple similaire souhaite simplement changer de chaudière d’une maison déjà classée ‘D’. Pour l’installation d’une PAC air-eau à 15 k€, ils recevront 5,5 k€ de la part de l’Anah (y compris les CEE) soit un taux de financement de 37 % et un reste à charge, certes encore important, de plus de 9 k€. En 2023, il n’aurait pu recevoir que 4,5 k€ (soit 31 % du montant total) et aurait été obligé de débourser plus de 10 k€ pour la même PAC…